Vous vous retrouvez face à un licenciement pour inaptitude et vous vous demandez comment cette procédure fonctionne réellement ? Entre les obligations légales de l’employeur, les délais à respecter et vos droits en tant que salarié, cette situation soulève de nombreuses questions. Nous abordons ici les étapes clés de la procédure, les erreurs fréquentes qui peuvent l’invalider, ainsi que les indemnités et recours dont vous disposez.
Ce qu'il faut retenir :
| 🩺 ✅ Visite médicale | Vous devez faire une visite médicale de reprise après un arrêt prolongé pour évaluer l'inaptitude et amorcer la procédure. |
| 🔄 Reclassement | L'employeur doit proposer un emploi adapté ou démontrer son impossibilité, en consultant le CSE. |
| 📝 Notification | L'employeur doit respecter un délai légal pour notifier le licenciement après l'entretien préalable. |
| 💰 Indemnités | Vous avez droit à des indemnités spécifiques selon la cause de l'inaptitude, notamment une indemnité double en cas d'origine professionnelle. |
| ⚠️ Erreurs à éviter | Ne pas respecter la procédure, omettre la visite médicale ou le reclassement peut entraîner la nullité du licenciement. |
| 🔴 Délai de recours | Vous disposez de 12 mois pour saisir le conseil de prud'hommes en cas de licenciement abusif ou irrégulier. |
| 💼 Maintien des droits | Vous pouvez conserver vos indemnités journalières ou bénéficier de l'allocation chômage selon votre situation. |
| 🎯 Recours | En cas d'irrégularité, vous pouvez demander réparation, réintégration ou dommages-intérêts en justice. |
📝 Comment se déroule la procédure de licenciement pour inaptitude ?
Le licenciement pour inaptitude constitue un mode spécial de rupture du contrat de travail qui intervient après un avis médical constatant l’impossibilité pour le salarié de poursuivre son activité professionnelle. Cette procédure, régie par les articles L. 4624-4 et R. 4624-42 du Code du travail, exige le respect d’étapes précises : le constat médical par le médecin du travail, la recherche de reclassement du salarié, et enfin la notification du licenciement. Le Code du travail impose des délais stricts à chaque phase, notamment un délai de 15 jours pour un second examen médical si nécessaire, et un délai d’un mois pour que l’employeur procède au reclassement ou au licenciement après l’avis d’inaptitude.
- Constat d’inaptitude par le médecin du travail avec étude du poste
- Obligation de reclassement et consultation du CSE
- Notification du licenciement avec respect des délais légaux
- Versement des indemnités spécifiques selon l’origine de l’inaptitude
Constat et avis du médecin du travail
La visite médicale de reprise constitue le point de départ obligatoire de la procédure d’inaptitude. Elle doit être organisée après un arrêt de travail d’au moins 30 jours pour accident du travail, 60 jours pour maladie non professionnelle, ou toute durée pour maladie professionnelle ou congé maternité. Cette visite doit avoir lieu le jour de la reprise effective du travail et au plus tard dans les 8 jours qui suivent.
L’étude du poste et des conditions de travail par le médecin constitue une obligation légale. Le médecin du travail examine les conditions d’exercice du poste, échange avec le salarié sur les mesures d’aménagement possibles, puis avec l’employeur sur l’issue de la procédure. Un délai de 15 jours peut être nécessaire pour un second examen médical permettant de rassembler tous les éléments nécessaires à la décision.
L’avis d’inaptitude rédigé par le médecin du travail doit être accompagné de conclusions écrites et d’indications sur le reclassement du salarié. Cet avis constitue le seul document juridiquement valable pour constater l’inaptitude, aucun certificat du médecin traitant ne pouvant s’y substituer.
Obligation de reclassement et consultation du CSE
L’obligation de reclassement impose à l’employeur de proposer un autre emploi approprié aux capacités du salarié au sein de l’entreprise ou des entreprises du groupe. Cette proposition doit être aussi comparable que possible à l’emploi précédent, au besoin par des aménagements, adaptations ou transformations de postes existants.
La consultation du CSE reste obligatoire même si aucun poste de reclassement n’est disponible. Seule l’absence de CSE ou une dispense expresse du médecin du travail dans l’avis d’inaptitude permet d’éviter cette consultation. Cette consultation permet de prouver le sérieux des recherches de reclassement et d’obtenir l’avis du CSE sur l’adéquation des postes proposés avec les préconisations médicales.
L’employeur peut procéder au licenciement uniquement s’il justifie de l’impossibilité de proposer un autre emploi, du refus par le salarié de l’emploi proposé, ou s’il dispose d’un avis médical mentionnant que le maintien dans un emploi serait préjudiciable à la santé ou que l’état de santé fait obstacle à tout reclassement.
Notification de licenciement et délais légaux
La convocation à l’entretien préalable doit respecter un délai minimal de 5 jours ouvrables. Cet entretien permet à l’employeur d’exposer les motifs du licenciement et au salarié de présenter ses observations. L’employeur doit expliciter les démarches de reclassement effectuées et les raisons de leur impossibilité.
La lettre de licenciement doit mentionner précisément le motif d’inaptitude constaté par le médecin du travail, rappeler les démarches de reclassement, indiquer l’absence de préavis et préciser les indemnités dues. Cette notification doit intervenir au plus tôt 2 jours ouvrables après l’entretien préalable et respecter les délais légaux de notification.
L’employeur doit conserver les preuves d’envoi par lettre recommandée avec accusé de réception ou tout autre moyen permettant d’établir la date de notification. Le respect de ces délais conditionne la validité juridique du licenciement et évite tout vice de procédure susceptible d’entraîner une requalification.
🛑 Quels sont les pièges et erreurs à éviter ?
Les erreurs dans la procédure de licenciement pour inaptitude exposent l’employeur à des requalifications en licenciement sans cause réelle et sérieuse, des dommages-intérêts importants, voire la nullité du licenciement. Ces manquements concernent principalement l’organisation des visites médicales, le respect des obligations de reclassement, et le versement des indemnités spécifiques.
- Omettre la visite médicale de reprise : absence d’organisation ou dépassement du délai de 8 jours
- Ne pas reprendre le versement du salaire un mois après l’avis d’inaptitude
- Négliger l’obligation de reclassement ou absence de justification écrite de l’impossibilité
- Ne pas consulter le CSE avant de proposer un poste de reclassement
- Licencier sans avis du médecin du travail (certificat médecin traitant insuffisant)
- Oublier la procédure spécifique aux salariés protégés
- Omettre le versement des indemnités spéciales selon l’origine de l’inaptitude
Omettre la visite médicale de reprise et la reprise du versement du salaire
Certains arrêts de travail justifient obligatoirement l’organisation d’une visite médicale de reprise : arrêt d’au moins 60 jours pour maladie non professionnelle, 30 jours pour accident du travail, toute durée pour maladie professionnelle ou congé maternité. Cette visite doit avoir lieu le jour de la reprise effective et au plus tard dans les 8 jours suivant cette reprise.
L’absence d’organisation ou le dépassement de ce délai entraîne nécessairement un préjudice pour le salarié, donnant lieu à des dommages-intérêts. L’employeur doit prendre l’initiative de la convocation par tous moyens, de préférence par lettre recommandée avec accusé de réception pour conserver une preuve.
Si le reclassement ou le licenciement pour inaptitude n’a pas eu lieu dans le mois suivant l’avis d’inaptitude, l’employeur doit reprendre le paiement du salaire. Ce délai d’un mois ne peut être ni prorogé ni suspendu, et l’employeur ne peut se substituer à cette obligation en proposant de prendre des congés payés.
Négliger l’obligation de reclassement ou l’absence de justification écrite
L’obligation de reclassement impose de proposer un autre emploi approprié aux capacités du salarié, aussi comparable que possible à l’emploi précédent. Cette recherche doit s’étendre aux entreprises du groupe et inclure des mesures d’aménagement, d’adaptation ou de transformation des postes existants.
L’absence de recherche de reclassement expose à une requalification en licenciement sans cause réelle et sérieuse. Dans ce cas, le juge peut proposer la réintégration du salarié ou octroyer des dommages-intérêts plafonnés (barème Macron) pour inaptitude non professionnelle, ou au minimum 6 derniers mois de salaires pour inaptitude professionnelle.
En cas d’impossibilité de reclassement, l’employeur doit informer le salarié par écrit des motifs valables qui s’opposent à son reclassement. L’absence de cette notification écrite constitue une irrégularité de forme donnant droit à une indemnité pour le salarié.
Oublier le versement des indemnités spécifiques et la procédure pour salariés protégés
L’inaptitude d’origine professionnelle ouvre droit à une indemnité spéciale égale au double de l’indemnité légale de licenciement, sauf dispositions conventionnelles plus favorables. L’inaptitude non professionnelle donne droit à l’indemnité légale classique, sans indemnité compensatrice de préavis. Le salarié doit justifier d’au moins 8 mois d’ancienneté pour percevoir ces indemnités.
Les salariés protégés (délégués du personnel, membres du CSE, délégués syndicaux) bénéficient d’un régime spécifique. Le CSE doit être consulté pour donner son avis sur le projet de licenciement, et l’employeur doit obtenir l’autorisation de l’inspection du travail avant de procéder au licenciement.
L’omission de ces indemnités spécifiques ou le non-respect de la procédure pour salariés protégés expose l’employeur à une action en justice devant le Conseil de prud’hommes, avec des demandes de requalification et des dommages-intérêts pour licenciement irrégulier ou sans cause réelle et sérieuse.
📄 Quels droits et recours pour le salarié licencié pour inaptitude ?
Le salarié licencié pour inaptitude dispose de droits financiers et de recours juridiques spécifiques selon l’origine de son inaptitude. Ces droits incluent des indemnités différenciées selon que l’inaptitude soit d’origine professionnelle ou non, la possibilité de maintenir certains revenus après le licenciement, et des voies de contestation en cas d’irrégularité de procédure.
Montant et calcul de l’indemnité de licenciement (origine professionnelle ou non)
Quelle est la prime de licenciement pour inaptitude ? Le montant varie selon l’origine de l’inaptitude. Pour une inaptitude non professionnelle, le salarié perçoit l’indemnité légale de licenciement (ou conventionnelle si plus favorable) sous condition d’une ancienneté d’au moins 8 mois ininterrompus. Cette indemnité ne s’accompagne d’aucune indemnité compensatrice de préavis.
Pour une inaptitude d’origine professionnelle, l’employeur doit verser une indemnité spéciale égale au double de l’indemnité légale de licenciement, sauf dispositions conventionnelles plus favorables. Cette indemnité spéciale constitue une mesure de protection renforcée pour les salariés victimes d’accident du travail ou de maladie professionnelle.
| Type d’inaptitude | Formule de calcul de l’indemnité |
|---|---|
| Non professionnelle | Indemnité légale (1/4 de mois par année puis 1/3 après 10 ans) |
| Professionnelle | Double de l’indemnité légale (minimum) |
Maintien de l’arrêt maladie et allocation chômage après licenciement
Le salarié peut, sous certaines conditions, rester en arrêt maladie jusqu’à l’épuisement de ses droits aux indemnités journalières de sécurité sociale (IJSS). Cette possibilité permet de maintenir des revenus de remplacement pendant la période de transition vers l’emploi ou la retraite.
Dans certains cas particuliers, notamment en cas d’inaptitude liée à un harcèlement moral, le salarié conserve ses droits à IJSS. Pour en savoir plus sur ses démarches et bénéfices, consulter les dispositifs relatifs aux droits en cas d’arrêt maladie pour harcèlement.
Concernant l’allocation chômage, le salarié peut bénéficier de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) s’il remplit les conditions d’ouverture de droits. Toutefois, il peut exister des délais de carence et des différés d’indemnisation selon la situation individuelle et les indemnités perçues lors du licenciement.
Recours en cas de licenciement abusif (prud’hommes, dommages-intérêts)
Le salarié dispose d’un délai de 12 mois pour saisir le Conseil de prud’hommes et contester son licenciement. Cette saisine peut viser à obtenir la requalification du licenciement en licenciement sans cause réelle et sérieuse ou à faire reconnaître des irrégularités de procédure donnant droit à des indemnités complémentaires.
Les recours possibles incluent la demande de réintégration dans l’entreprise avec maintien des avantages acquis, ou l’octroi de dommages-intérêts selon le barème Macron pour inaptitude non professionnelle. Pour l’inaptitude professionnelle, le montant des dommages-intérêts ne peut être inférieur aux 6 derniers mois de salaires.
- Préparation du dossier avec rassemblement des pièces justificatives
- Calcul des demandes d’indemnisation selon les préjudices subis
- Audience de conciliation puis de jugement devant le Conseil
- Exécution du jugement et récupération des sommes allouées
L’accompagnement par un avocat spécialisé ou un représentant syndical optimise les chances de succès de ces recours. Ces professionnels maîtrisent la jurisprudence spécifique aux licenciements pour inaptitude et peuvent maximiser les indemnisations obtenues en cas de manquements de l’employeur à ses obligations légales.
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